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Strasbourg / Dérives de l'Ill
Un matin, renouer avec un loisir populaire ancien, se mettre à l’eau, dans sa ville et la traverser sous un nouvel angle : un plaisir simple disparu pour cause de pollution des cours d’eau. Alors, malgré la pluie froide du mois de mai, 400 nageurs s’étaient donné rendez-vous à Strasbourg, quai des Bateliers pour rejoindre le Parlement européen, pour 2,6 km de sensations dans de l’eau à 15°. Quand les organisateurs de l’Open Swim Stars donnent le coup de sifflet, tous les corps se jettent à l’eau, tâchant d’oublier le fond avec ses bouteilles, ses pneus et tous les déchets jetés aux abords des ponts, sans se soucier de la présence des ragondins et des cygnes étonnés de ces nouveaux collègues. Les nageurs filent,
portés par le courant.
Moi, photographe, j’ai bien fait de prendre mon vélo. Alors que je m’attardais sur les plongeons de départ, les premiers doivent déjà être arrivés et porter leur belle médaille dorée. Je fonce donc, au long des berges et sur les ponts, pour immortaliser ces fous de liberté.
Mulhouse / Dérives de l'Ill
Mais où donc circule l’Ill à Mulhouse ? Nous la voyons bien se faufiler derrière le stade de foot, mais après ? Et bien, elle se déverse en grande partie dans le canal de décharge qui passe sous le marché et rejoint la Doller, l’autre partie historique, forme deux bras créant une île : c’est là que se serait bâtie la première ville. Aujourd’hui, bien cachées, ses deux artères sont entièrement couvertes, elles traversent le centre-ville, l’une passant sous l’avenue du Président-Kennedy et l’autre sous la rue de la Sinne. Toutes ces divisions protègent depuis longtemps
le centre de Mulhouse des inondations. Après ce constat, pas facile de faire des photos. Je me suis posté à son entrée sud, quand la rivière arrive à l’état sauvage. Petit à petit, j’ai voulu faire découvrir, dans un sage format carré, comment la main de l’homme soumet par la force de l’urbanisation le cheminement de la nature.
Pascal Bastien alterne reportages et portraits pour la presse et recherche d’auteur.
Son travail de presse est diffusé par Divergence, il travail en commande pour Libération, Le Monde, The New York Times, le magazine du Monde M, l’Obs, Die Zeit, la Vie, le Pèlerin, Causette, La Croix, Le Parisien Magazine, De Standaard, Courrier Internationnal…
Son travail d’auteur est exposé et publié sous forme de narration photographique, depuis 2012, il conte son quotidien à l’aide d’un appareil moyen format chargé de pellicule argentique noir et blanc.
Saint-Dié, Rencontres
Mon travail photographique est le fruit de rencontres.
Des personnes liées de près et de loin à la ville m'ouvrent le chemin photographique.
Une découverte de la cité s'y construit, subjective et personnelle.
Ces petites histoires sont formées par des séries images (de 3 à 6) débutant toujours par un petit texte photographié de mon carnet de note.
Pascal BASTIEN
