Une libre déambulation dans Lisbonne, située sur les rives du Tage avec les pieds dans l’Atlantique. La cité blanche au pays bleu, aux murs recouverts d’azuléjo (carreaux de faïence) pour se protéger de l'humidité ou décorés, plus récemment, de graffitis commandités est l'unique capitale océane d'Europe. Après avoir connu une crise de croissance, elle est redevenue tendance avec les vols low cost jusqu'à la survenue de la pandémie. Elle garde de nombreuses traces de son glorieux passé maritime. C’est d’ici que Vasco de Gama partit découvrir les Indes et que Magellan embarqua pour entreprendre le premier tour du globe à la voile. Elle se devait d'avoir le plus grand aquarium européen, mais ses plus beaux atours ne concernent pas que le maritime. Son patrimoine naturel, ses jardins, ses châteaux, ses architectures et ses trolleys dont le fameux de la ligne 28, tout invite à la flânerie photographique, jusqu’au fin fond de son hinterland.
Dérivant entre les mailles du filet des ombres et des lumières lisboètes, ou sous la fine bruine de l’atlantique Porto, le flâneur arpente les petits pavés et cueille ses bribes psychogéographiques.
Noite-e Douro diurno
Jours et nuits du Douro, 2018.
« Je regardais le paysage grandiose qui nous accompagnait et je n’y voyais que mon ombre. » Cette pérégrination littéraire de l’écrivain portugais Miguel Torga (La création du Monde, 1937) fait écho à cette série photographique réalisée en 2018. Entre paysage à passage il n’y a de différence qu’une lettre. Cette homophonie approximative résonne particulièrement avec ces errances nocturnes dans les rues du vieux Porto, dans les paysages intimes ou larges au bord du fleuve, les passerelles, les ponts entre deux rives, les portes dérobées, les ombres les plus intenses et les ardeurs du soleil.
Dans les rues, Portugal, 1990.
Ça fait déjà 30 ans. J’étais un gamin, avec un Leica M4-P et de la « pelloch » noir/blanc, avec du grain, de la 400, que je développais moi-même dans mon labo au sous-sol. Le nez au vent, je scrutais mes scènes de rues comme on dessine des esquisses dans un carnet. Je ne « shootais » pas frénétiquement comme on fait maintenant, j’économisais mes films, j’avais la prétention d’appuyer une seule fois au bon moment sur le déclencheur. Si ce n’était pas toujours le bon moment, c’était un vrai moment, une vraie lumière, de vrais gens, des instants cadrés qui tiennent le choc des années, qui racontent aussi ce qu’était le regard d’un chevelu chevronné et dilettante à la fois, le mec un peu « mad » là, sur la photo…
Arte xávega,
Mira plage, Portugal, août 2022
L'arte xávega est une pêche artisanale à la senne, c’est une technique de pêche ancestrale qui consiste à capturer les poissons à la surface en les encerclant à l'aide d'un filet. Les Égyptiens utilisaient cette technique plus de 2 500 ans av. J.-C. Le mot xávega vient du mot arabe xábaka qui signifie filet de pêche, ce qui démontre que la pratique de cette pêche remonte au moins à la conquête musulmane de la péninsule ibérique. A l’origine, le terme xávega n’était utilisé que par les pêcheurs du sud, notamment ceux de la côte de l’Algarve. Il désignait autant le filet que le bateau lui-même. Sur les côtes centrales et septentrionales, un type de pêche similaire était pratiqué, mais avec des différences et sous d'autres noms. On a fini par imposer la dénomination xávega à toutes les formes de pêche dans laquelle les filets sont tirés à terre. Aujourd’hui les pêcheurs ont remplacés les boeufs par des tracteurs pour mettre les bateaux à l’eau et pour remonter les filets sur la plage. Il se forme une drôle de chorégraphie où se mèle pêcheurs, traceurs, cordages, curieux, familles, baigneurs et glaneurs de sardines.
FIG 2022
Festival
International de Géographie
Saint-Dié-des-Vosges
MUSÉE Pierre Noël, Saint-Dié-des-Vosges
1er octobre 2022 > 1er janvier 2023