Au fil de l’Ill / Dérives de l'Ill
Le décor change au fil de l’Ill et des saisons, mais le cours d’eau, lui, demeure.
Parfois en crue, parfois à sec ou même gelée, elle montre un visage tantôt dramatique, tantôt bucolique. Les plus téméraires s’offrent une cure de fraîcheur, certains se promènent, d’autres s’entraînent à la course le long de ses berges.
L’Ill est à la fois sauvage et citadine, difficilement accessible ou fortement aménagée.
Peu importe où l’on se trouve, il y a toujours une scène de vie à y contempler.
Les Quilles Saint Gall, France, 2015
Pour André, Jean-Paul ou Raymond, c'est avant tout une histoire de vieux copains.
C'est l'occasion d'échanger quelques bières, de laisser les femmes à la maison, de parler fort et de rire beaucoup. Evidemment, ils jouent aussi aux quilles Saint Gall, puisque c'est le prétexte de leurs retrouvailles hebdomadaires. Quand Jean-Paul réalise une figure imposée, les copains applaudissent en riant. Ils lèvent leur verre à l'exploit de Jean-Paul ; d'habitude, il est mauvais lanceur, le bougre. Ils trinquent à sa santé, à la santé des copains, à la santé de ceux qui ne peuvent plus jouer à cause d'une hernie discale ou d'une épouse autoritaire ; santé également à la mémoire de ceux qui sont partis trop tôt. André, Jean-Paul ou Raymond parlent des prochaines compétitions, des stratégies, des scores à atteindre pour gagner contre les autres équipes.
Puis, grignotant quelques bretzels secs et des cacahuètes, ils se souviennent que l'important n'est pas de gagner : les quilles Saint Gall, c'est avant tout une histoire de vieux copains.
Messeplatz, Basel, avril 2014
Ce soir-là, il y avait un rayon de soleil qui s’engouffrait sous les toits design de la station Messeplatz. Il semblait illuminer la place pour une éternité. Parfois, le rayon de soleil éblouissait les passants. Parfois, il se posait sur eux comme un doux baiser, et il les rendait beaux. Mais les passants marchaient vite, ils se bousculaient. Il semblait que le temps s’était arrêté, et que seuls les plus pressés pouvaient encore courir dans la lumière.
Né en 1982.
Photographe indépendant
Vincent ne lit pas beaucoup, il préfère regarder les images. Il admire les ouvrages de photographie et s’en offre parfois pour les étudier et les exposer dans sa bibliothèque. Quand il part en voyage, Vincent préfère prendre des clichés des passants pressés et des touristes émerveillés plutôt que de photographier les paysages ou les vestiges historiques. Il perd souvent beaucoup de temps à regarder les gens vivre, marcher, courir ou faire des selfies. Il s’en inspire et réalise tous les jours de nouveaux clichés. Sur les disques durs de Vincent, on trouve ainsi des milliers de photos d'inconnus, posant naturellement et souriant d'expressions drôles et authentiques. Vincent pourrait créer un dictionnaire d'ethnologie, rien qu'avec tous les portraits qu'il possède.